Folkeshi

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Dans l'atelier de Wagatsuma Noboru

J’ai eu la chance d’aller rencontrer Wagatsuma Noboru, un jeune artisan Togatta, dans son atelier en avril 2019. Ce n’était pas mon premier contact avec lui - en vérité, j’avais déjà passé plusieurs commandes chez lui pour Folkeshi… Mais voir les personnes “en vrai”, ça n’a rien à voir avec une discussion par messagerie interposée !

Dans mon planning de mon voyage au Japon du printemps 2019, il me restait une demie-journée de libre à Sendai. Sendai est une grande ville de la préfecture de Miyagi (Tohoku), très étalée, et si on roule un peu, on aborde des zones franchement rurales ! Comme celle où l’atelier de Wagatsuma Noboru est installé.

Des environs très calmes. / A quiet neighborhood.

Je le dis souvent, les ateliers sont des lieux très particuliers, souvent bien encombrés ! Sur peu de mètres carrés, on y trouve des kokeshi à toutes leurs étapes de fabrication, du tronc d’arbre à la poupée prête à rejoindre son collectionneur. Certains ateliers ont été construits par les artisans eux-mêmes, comme celui de Sato Masahiro et son fils, Sato Yasuhiro, à Sendai aussi.

Wagatsuma Noboru, lui, a repris en 2018 l’atelier d’un fabricant de kokeshi, Asakura Kohei (1947-2017), qui travaillait aussi dans le style Togatta.

Pourtant, c’est auprès d’un autre artisan qu’il s’est formé pendant trois ans : Hayasaka Masahiro. Si vous suivez Folkeshi depuis quelques années, vous connaissez déjà son travail - peut-être en particulier ses kokeshi-chats ? Un maître qu’il a choisi pour plusieurs choses : la beauté des visages qu’il dessine, le fait qu’il travaille aussi les objets utilitaires… et aussi parce que c’est quelqu’un de gentil et très agréable !

Avant de se dédier aux kokeshi, Wagatsuma-san a fait une première carrière de chanteur. Il a également travaillé pour l’entreprise familiale, son père fournissait du matériel de tournage pour les travailleurs du bois. Un métier qui lui a donné l’opportunité de rencontrer un grand nombre d’artisans. Il a bifurqué en 2015 pour les kokeshi, où il a trouvé une nouvelle façon d’exprimer sa créativité.

Actuellement, il fabrique à la fois des kokeshi traditionnelles, dans le style Togatta, et des kokeshi créatives de toutes les formes : chiens, pyramides, femmes élégantes, de toutes les couleurs. C’est assez peu commun. Généralement, les artisans traditionnels aiment décliner quelques modèles plus créatifs, souvent en allant vers le kawaii… mais Wagatsuma Noboru pousse les choses beaucoup plus loin, en produisant une diversité de modèles impressionnante ! Je lui ai demandé ce qu’il préférait faire. Il aime autant les deux, mais aimerait fabriquer (et vendre !) plus de grandes kokeshi.

A mon arrivée, l’atelier était tout préparé pour ma visite. Notamment, les kokeshi terminées étaient mises en scène, toutes alignées sur une planche de bois pour que l’on voit bien les motifs. Sur la photo ci-dessus, on voit, à l’avant, ses mini kokeshi créatives, et une bien plus grande en gris. Les autres sont ses kokeshi traditionnelles, avec des décors de fleurs de prunier, de rayures ou de chrysanthèmes ; des coupes de cheveux “okappa” ou avec le motif tegara, d’autres avec des chignons.

Beaucoup de ses kokeshi ont un visage assez angulaire, produit par un travail de tournage tout personnel au niveau du menton, dessinant une ligne abrupte plutôt que courbe. Il dessine volontiers les traits du visage très proches du bas de la tête, se laissant un grand espace pour dessiner les sourcils.

J’ai été, comme toujours dans les ateliers, très bien accueillie ! En l’absence d’une machine à café, il était allé prendre quelques boissons au distributeur. J’ai donc siroté un thé vert froid pendant que l’on discutait.

Au moment de ma visite, il partageait son atelier avec son frère, en apprentissage auprès de Sato Tetsuro (également dans le style Togatta.)

C’était ma visite dans l’atelier de Wagamatsu-san ! J’ai l’intention de prendre le temps de vous partager les différents ateliers que je suis allée voir, c’est quelque chose qui vous intéresse ?