Folkeshi

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Reconnaître le style Naruko

Lorsqu'on commence à s'intéresser aux kokeshis traditionnelles, on est un peu dérouté par la ressemblance entre toutes ces poupées, et totalement incapable de dire de quel style il s'agit. C'est normal, et l'oeil finit par s'habituer, et reconnaître les indices... Encore faut-il savoir par où commencer ! On trouve toute sorte d'informations en ligne mais malheureusement, elles ne sont pas toutes fiables.

Un seul exemple ne suffit pas à identifier un style entier... Chaque artisan amène sa patte, certains sont plus créatifs que d'autres, ou bien une famille crée une nouvelles variation qui devient ensuite un sous-genre... Bref. Il y a cependant des caractéristiques communes, ou du moins, extrêmement répandues parmi un style donné. Je veux donc présenter dans cette rubrique les kokeshi par style, en présentant de nombreux exemples pour chaque.

 

Naruko, un style très populaire

On commence par le style Naruko ! Une décision arbitraire, mais qui s'appuie tout de même sur quelques arguments : Naruko (parfois orthographié Narugo) est un genre travaillé par de nombreux artisans, et ces poupées sont très répandues. Le nom est parfois utilisé, à tort, comme un style « par défaut », donc remettons les choses d'aplomb ! J'ajoute que d'un point de vue tout simple, j'en ai beaucoup, et donc illustrer cet article est facile.

Kokeshi Naruko avec motif de chrysanthèmes sur fond jaune.

On dit beaucoup que les poupées Naruko font un bruit spécifique lorsqu'on tourne leur tête. En effet, la plupart du temps, la tête est insérée par échauffement, sur le corps encore sur le tour à bois ; avec la chaleur, le bois se tend ; lorsque les pièces refroidissent, le bois se relâche un peu et l'assemblage devient ainsi très solide. Il n'y a presque pas de jeu, mais ce n'est pas collé : d'où un grincement si l'on force un peu la tête à pivoter. On trouve un certain nombre de poupées Naruko en brocante, avec la tête qui n'est plus dans l'axe des fleurs du corps : le problème est facile à résoudre ! L'inconvénient de cette méthode, c'est qu'on prend le risque d'endommager la poupée. Et puis, ce n'est pas une méthode suffisante : d'une part, d'autres poupées couinent, et d'une autre, certaines Naruko sont faites d'un seul bloc.

Naruko faites d'une seule pièce de bois

 

Un visage paisible

Les kokeshis Naruko ont un visage dessiné, sauf exception, avec un seul trait pour la paupière, et une pupille petite, bien intégrée au trait de la paupière ; parfois, pas de pupille du tout. Le nez est fait d'un seul trait, en U, plutôt court et ouvert, avec bien sûr des variations. La bouche est faite avec seulement du rouge.

 

Sur la photo, celle avec de très grands yeux (à l'opposé de ce que je viens de décrire !) est l'oeuvre de Mamoru Izu qui produit, comme son père avant lui, une kokeshi appelée « Ginzan » ou « Oshin ». Cette variation est apparentée au genre Naruko.

 

Une forme bien équilibrée

La tête est arrondie, et s'affine légèrement vers le bas du visage, pour former ce qu'on juge être un menton. Elle est bien proportionnée par rapport au corps, et la kokeshi est très stable. Le corps a une forme de sablier, avec les épaules marquées, et le bas évasé, généralement de diamètre similaire.

Il existe une forme spécifique à ce style, qui représente la poupée assise à genoux, comme illustré sur la photo en-dessous : on appelle cette variation "Nemariko". On voit bien que les épaules restent marquées. Les Naruko "nemariko" sont parfois faites d'un seul tenant, comme la plus claire, ou bien en deux pièces solidement imbriquées, comme les trois autres (actuellement sur la boutique.)

Forme Nemariko, qu'on ne trouve que dans le style Naruko.

 

Motifs

Des rayures peintes sur le tour à bois soulignent le bas et les épaules, en rouge et vert, dans de nombreux cas. Le tronc lui, est peint d'un motif floral : soit une interprétation des fleurs de chrysanthème, soit des pivoines, souvent très minimalistes. On trouve aussi fréquemment un motif de feuilles d'érable. Sur la photo de groupe, les trois cas sont présentés : on voit bien que selon le motif choisi, les décorations peuvent être très exubérantes, ou au contraire, simplifiées à l'extrême. Parfois le motif est peint au-dessus d'un fond jaune, ou de rayures jaunes.

Le dessus de la tête est souvent décoré d'un motif noir, mais ce n'est pas systématique – ou bien le motif est si simplifié qu'il en devient très facile à confondre avec d'autres marques, typiques d'autres styles.

 

Boîte Naruko. Le tour est orné des déclinaisons de chrysanthèmes, sur une bande jaune.

Voilà pour Naruko ! En avez-vous dans vos collections ?