Quel âge a ma kokeshi ?
Je reçois régulièrement des messages, spécialement sur Instagram, de personnes ayant acheté une kokeshi quelque part, et qui se posent des questions.
J'aime beaucoup ces contacts spontanés... d'une part, je me dis que les gens qui s'intéressent aux kokeshi finissent par me trouver (le début de la gloire !), et puis, j'aime bien expliquer comment ça fonctionne. Même si je me répète... Les trois questions qui reviennent le plus souvent sont :
Est-ce que c'est bien une kokeshi ?
Qui a fabriqué cette kokeshi ?
Quel âge a ma kokeshi ?
Ce matin, je me suis dit que ces questions, vous vous les posiez peut-être aussi ! Alors, comment peut-on déterminer l'âge d'une kokeshi ?
Eh bien, la plupart du temps, on ne peut pas.
Indiquer une date sur la kokeshi n'est pas du tout dans les habitudes des artisans. Mais, comme la vaste majorité d'entre elles sont signées, "il suffit" de lire la signature et de retrouver les dates de naissance et de décès de l'artisan. On trouve parfois même la date de début d'activité.
C'est flou (une carrière dure 50 ou 60 ans !) mais le plus souvent, c'est tout ce qu'on a. On peut conjecturer sur le modèle et le style, du début de carrière ou vers la fin, mais c'est tout. Cependant, dans 3 situations, on peut définir une année de production :
L'artisan a écrit son âge
Facile.
Pour une raison inconnue, l'artisan a marqué, à côté de sa signature, quelques kanjis qui signifient "fabriqué à X ans".
C'est très fiable.
Le seul piège, c'est que même les chiffres ont leurs kanjis; donc il faut d'abord comprendre de quoi il s'agit, puis les lire. Puis chercher la date de naissance de l'artisan...
En photo au-dessus : une kokeshi de Watanabe Chuzo (style Tsuchiyu). En dessous, on lit sa signature (à droite) et son âge (à gauche) : 67 ans. Cet artisan est né en 1921, la kokeshi date donc de 1988.
L'artisan a écrit la date
C'est rare, mais possible. En mai 2017, je suis allée rencontrer Sato Yasuhiro. Il est extrêmement populaire au Japon, c'est lui qui créé les premières kokeshi indigo. Donc j'étais ravie qu'il prenne le temps de me recevoir ! Pour des raisons qui méritent une newsletter complète, il a peint sous mes yeux une kokeshi "classique" qu'il m'a ensuite offerte (j'ai beaucoup de chance !).
Et il a inscrit la date au-dessous. Ca m'est arrivé à plusieurs reprises (oui, j'ai vraiment beaucoup de chance) et je l'ai vu sur d'autres poupées de collectionneurs.
En photo au-dessus : la fameuse poupée de Sato Yasuhiro (style Togatta), et en-dessous de la kokeshi, sa signature (à gauche) et la date en japonais (Heisei 29) + l’année en chiffres (2017).
Quelqu'un a écrit une date
C'est déjà plus courant : une date est inscrite au crayon à papier, proche de la signature. C'est la preuve qu'un collectionneur est passé par là... De nombreux collectionneurs japonais inscrivent la date d'achat sur toutes leurs kokeshi neuves. C'est une indication précieuse, mais imparfaite :
- on ne sait pas combien de temps il s'est passé entre la production et l'achat
- la date est parfois indiquée dans le calendrier japonais (avec année selon l'ère : Showa, Heisei, etc), parfois dans le calendrier universel... et certaines configurations laissent planer un doute de près de 20 ans !
Sur les images précédentes : deux kokeshi de Watanabe Kihei (style Tsuchiyu), et la signature de la mieux conservée des deux. A côté de la signature, est écrit un crayon de papier 1955.1.
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Avez-vous remarqué ?
Je n'ai pas du tout parlé de l'apparence des kokeshi.
En effet, on ne peut pas se fier du tout à la patine due au soleil. Une kokeshi de 2018 exposée derrière une fenêtre sera plus abîmée qu'une kokeshi de 1998 gardée vingt-deux ans dans un tiroir !