Une kokeshi : Akiu
Elle a une drôle de bouille, non ? Cette kokeshi est une Akiu, et ne correspond à aucun des 11 styles traditionnels. Aha ! On considère que les poupées Akiu sont un sous-genre, parfois attribué au type Tôgatta, parfois au type Sakunami. Elles sont de toute façon tellement différentes de ces deux types qu'elles mériteraient un style à part entière ! Cette kokeshi de Sato Sakenao en est un parfait exemple.
Le corps, cylindrique, est surmonté d'une tête plus large. Pas de surprise, il s'agit d'une forme simple que l'on identifie bien comme celle d'une kokeshi traditionnelle. Par contre, le dessin du visage et le motif du corps ont une influence géométrique très, très marquée. Commençons par le visage...
Un visage aux lignes fortes
Contrairement à ce qui se pratique en général, les mèches de cheveux ne laissent pas apparaître le trait du pinceau : elles sont traitées comme des blocs de couleur. Le nez, en V inversé, est tracé avec force là où de nombreuses kokeshi ont, à l'opposé, un nez très délicatement dessiné. Les yeux et les sourcils ont presque la même épaisseur. Les pupilles sont larges et les paupières, très étirées : l'ensemble donne curieusement un air très doux.
Si on regarde attentivement, on observe que l’œil droit est plus bas que l’œil gauche. Lors de mon achat, toutes les kokeshi de Sato Satenao avaient cette tendance ; et j'ai choisi celle où la différence était la plus marquée, car je trouve que ce détail apporte beaucoup d'humanité à cette composition très géométrique.
Les marques rouges tout autour du visage et du sommet du crâne sont typiques des poupées Akiu, ainsi que le kanji peint en vert sur le dessus de la tête, qui identifie à lui seul cette kokeshi.
L'illusion de la symétrie
Les motifs du tronc de la kokeshi sont également bien géométriques - deux larges rayures vert foncé en haut et en bas ; et un motif stylisé à l'extrême. On reconnaît l'influence florale grâce aux feuilles peintes en vert. Le reste des motifs laisse en revanche le champ libre à l'imagination ! Ils donnent une nette impression de géométrie. Pourtant, si l'on compte... le motif rouge est constitué de 6 traits à gauche, et 5 à droite !
Pour moi, c'est la même démarche que l’œil gauche placé un peu plus bas : "l'erreur" savamment amenée pour que l’objet, au lieu d'être strictement symétrique, atteigne une imperfection beaucoup plus humaine.
Et vous, de premier abord, qu'est-ce qui vous frappe dans cette kokeshi ?